L’anthropologie s’est encore peu saisie de la question des déchets marins. Elle s’est encore moins intéressée aux déchets spatiaux.

Que nous disent ces déchets de nos manières de vivre le monde ? Quelles histoires sont racontées à partir de ces déchets ?

ROTO-PÔ, 2023, Rangitea Wohler © R. Wohler
ROTO-PÔ © R. Wohler

Le projet OSPAPIK se consacre aux arts autochtones contemporains et aux artistes d’origine non-autochtones qui mobilisent des concepts autochtones ou travaillent avec des communautés autochtones. Il examine la façon dont divers acteurs interrogent, rendent visibles et récupèrent certains déchets présents dans l’océan et l’Espace. La forme plurielle utilisée pour le mot anglais « knowledge » (savoirs) dans le titre du projet souligne la diversité des savoirs et des cosmovisions mobilisés dans l’étude.

Bateau échoué, Cap York, Australie, 2007. © Géraldine Le Roux
Bateau échoué © Géraldine Le Roux

OSPAPIK se concentre sur l’océan et sur l’Espace, là où la pollution peut être invisible à l’œil nu ; ces espaces, souvent considérés comme sacrés selon les cosmogonies autochtones, ont été perçus, selon les conceptions modernes occidentales dominantes, comme des territoires lointains ou vides.

Selve, une anthropologie visuelle par le GdRA après une enquête à Taluen en pays Wayana en Guyane ©N. Sternalski/le GdRA
Selve © N. Sternalski/le GdRA

OSPAPIK propose des approches novatrices de la pollution, des savoirs autochtones et des arts, en mettant systématiquement l’accent sur la matérialité et sur la relation que les gens entretiennent avec les déchets.

Il étudie la façon dont les expressions artistiques permettent aux artistes eux-mêmes, aux scientifiques, aux organisateurs de projets d’expéditions maritimes et au public de mieux comprendre comment les écosystèmes marins et l’Espace sont affectés par la présence de déchets et de débris. Il s’agira également de déterminer si l’étude des arts permet de mieux comprendre les différents secteurs professionnels et acteurs impliqués dans la dépollution.

 

Une des grandes questions de recherche peut être résumée ainsi : jusqu’à quel point l’art permet-il de saisir l’impact de la pollution et des déchets sur la relation que les gens construisent et entretiennent à l’océan et à l’Espace ?

OSPAPIK se décline en quatre axes, respectivement intitulés :

« De l’ordure au trésor ? Repenser les déchets à travers la création artistique »

« Processus de dégradation, débris significatifs et devenir des déchets »

« Observer la pollution marine et spatiale à partir d’un navire »

« Analyser les transferts de connaissances : recherche sur l'engagement public, les protocoles culturels autochtones et les collaborations interprofessionnelles »

Le Balancier, 2019, Hihirau Vaitoare © H. Vaitoare
Le Balancier © H. Vaitoare

OSPAPIK collaborera avec des artistes, des écrivains, et des structures, telles que le Centre des Métiers d’Art de Polynésie française et la compagnie de théâtre GdRA.

Outre des articles, des ouvrages scientifiques, des séminaires de recherche et des colloques, OSPAPIK publiera le premier livre-tactile inclusif à destination des publics non-voyants et malvoyants consacré aux déchets plastiques marins et produira une exposition sur un bateau itinérant en Polynésie française.

Tout autour des îles

 

Tout autour des îles, la terre a perdu ses rivages côtiers, ses plaines, ses vallées, ses falaises, ses montagnes, ses plateaux, ses collines.

Tout autour des îles, la terre sur ses flancs, sur tous les fronts, est rongée par le chancre de la modernisation, de la mondialisation, de la défiscalisation.

Tout autour des îles, la terre, enkystée, subit les outrages des hommes, plus destructeurs que ceux du temps.

 

Tout autour des îles, la terre a des plaies rouges, à vif, à terre, entaillée de toutes parts, saignée par plaques.

Tout autour des îles, la terre, balafrée, déverse des torrents, des cascades de larmes rouges jaillissant de ses entrailles en sang.

Tout autour des îles, la terre, défigurée, atteinte dans son intimité, dans son intégrité, souffre dans sa dignité.

 

Tout autour des îles, la terre accuse notre silence, dénonce notre complicité,

Devant le spectre de la misère et du désert qui avancent à la vitesse supersonique.

Tout autour des îles, la terre, à l’agonie, murmure : « Comment cela est-il permis ? »

Flora Aurima Devatine

Maruao, les ailes de l’infini: Poèmes et essais bilingues de Flora Aurima Devatine et essais sur son œuvre.

Estelle Castro-Koshy (dir.). Littéramā’ohi, Papeete, p. 184 ;

H-France Salon

Illustration de filets fantômes © Agnès Maupré pour Muséum d'histoire naturelle du Havre
Illustration de filets fantômes © Agnès Maupré pour Muséum d'histoire naturelle du Havre
Dauphin réalisé en ghostnets par le collectif Erub Arts et Lynnette Griffiths, 2021 © Lynnette Griffiths
Dauphin réalisé en ghostnets © Lynnette Griffiths
ROTO-PÔ, 2023, Rangitea Wohler © R. Wohler
ROTO-PÔ, 2023, Rangitea Wohler © R. Wohler
Bateau échoué, Cap York, Australie, 2007. © Géraldine Le Roux
Bateau échoué, Cap York, Australie, 2007. © Géraldine Le Roux
Selve, une anthropologie visuelle par le GdRA après une enquête à Taluen en pays Wayana en Guyane ©N. Sternalski/le GdRA
Selve, une anthropologie visuelle par le GdRA après une enquête à Taluen en pays Wayana en Guyane © N. Sternalski/le GdRA
Le Balancier, 2019, Hihirau Vaitoare © H. Vaitoare
Le Balancier, 2019, Hihirau Vaitoare © H. Vaitoare
Illustration de filets fantômes © Agnès Maupré pour Muséum d'histoire naturelle du Havre
Illustration de filets fantômes © Agnès Maupré pour Muséum d'histoire naturelle du Havre
Dauphin réalisé en ghostnets par le collectif Erub Arts et Lynnette Griffiths, 2021 © Lynnette Griffiths
Dauphin réalisé en ghostnets, par le collectif Erub Arts et Lynnette Griffiths, 2021 © Lynnette Griffiths