OSPAPIK Research Seminar – “Silikë, le ciel est dans la terre” – Christophe Rulhes
Monday Jan 05, 2026
Online, 3:00pm-5:00pm
Séminaire de Christophe Rulhes, chercheur OSPAPIK, anthropologue, auteur et metteur en scène, musicien, co-fondateur de la compagnie de théâtre le GdRA
Abstract : En Guyane française amazonienne, nous avons filmé près de 20 heures d’entretien avec Aimawale Opoya, artiste Wayana de maluwana « ciels de case », l’un des chefs coutumiers ou tipatakem du village amérindien de Taluen. Que reste-t-il aujourd’hui des notions d’astronomie que sa grand-mère Kumakau et son grand-père Opoya avaient transmis en 1985 à l’anthropologue Edmundo Magaña ? Nous remontons aussi le fleuve pour rencontrer Palanaiwa et Palasisi, deux « grandes personnes » qui reconnaissent encore les constellations Wayana et leur signification calendaire. Que lisent aujourd’hui les Wayana de leurs astres ? Or très vite ici, je découvre que pour qui s’intéresse à la cosmologie « ancienne », voir le ciel, c’est aussi voir la terre : voir les étoiles, c’est aussi voir une larve luminescente qui peuple la terre battue des villages. Ainsi, réfléchir à la pollution stellaire avec Aimawale va nous amener à discuter des métamorphoses, et élargir la question du déchet céleste vers l’évangélisme, l’orpaillage, le mercure, la lumière, les lanceurs et satellites, les notions même d’impropre et de propre. Cette rudologie compose une écologie trouble et continue. « Ici tout est connecté, tu ne peux pas séparer le ciel » me dit Aima, qui relie en ses propos la peinture maluwana, les astres, les maisons carbets, la terre, les chamanes et leur catastérisation, les esprits jolok, les êtres monstres ipo, les satellites et le démiurge Kuyuli, les braises de l’arbre primordial brûlé Tilonaikë et la voie lactée, le bas et le haut, etc. Après ce séjour au village, je me rends au Centre Spatial Guyanais et m’y plonge dans l’astrophysique du Port Spatial de l’Europe, ses réseaux, emprises et flux. Je filme à Kourou Juliana Chocho-Dufail, Kréyòl expropriée en 1965 pour cause d’implantation de cette grande base spatiale, et je discute avec elle de la communauté amérindienne – sans doutes Kali’na – qui fut ici déplacée et dont l’histoire ne fait pas encore trace. Cette recherche en cours vise l’écriture d’une anthropologie et d’un spectacle, dont Aimawale et moi avons corrigé le titre lors de ce séjour : Silikë, le ciel est dans la terre.
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